14/03/2025 |
Les « garçons jouets » d’Afghanistan |
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L’esclavage sexuel d’enfants, parfois âgés d’à peine 10 ans, est toléré et souvent même protégé par les autorités dans le nord de l’Afghanistan.
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![]() Photo: www.bivouac-id.com Un reportage diffusé ce soir sur Four Corners se penche sur la pratique du « bacha bazi » ou « enfant jouet » et sur d’autres affaires d’abus sur des enfants. Le journaliste afghan Najibullah Quraishi a filmé des policiers participant à une fête où le « spectacle » est un jeune garçon. Parmi les policiers présents, la vidéo montre un membre de la brigade des mineurs. Ces séances sont illégales selon la loi afghane, et à juste raison : les « danseurs » sont en fait des esclaves sexuels. Ils sont tirés de la rue par des maquereaux, on leur apprend à chanter et danser, à se maquiller et à s’habiller en filles. Ensuite, on les force à se produire devant des groupes d’hommes nombreux. Tous sont abusés sexuellement. Les « danseurs » sont une affaire lucrative. Des hommes puissants, anciens chefs de guerre ou hommes d’affaires, adorent les regarder et sont prêts à payer cher pour avoir leur propre « enfant jouet ». Certains de ces garçons sont échangés comme des cartes à jouer entre les riches et les puissants, et s’ils désobéissent à leur propriétaire ils sont tués ou brutalisés. Le commerce des jeunes garçons est bien connu des Nations unies. Selon Nazir Alimy, qui a établi pour l’ONU un rapport sur ce sujet, on sait parfaitement qui finance ces pratiques et pourquoi la police refuse d’y mettre fin. |
« Selon notre enquête, ces « danseurs » sont utilisés par des hommes puissants pour des relations sexuelles », a affirmé Mr Alimy. L’émission de Four Corners diffusée lundi suit l’activité criminelle de deux pédophiles en quête de jeunes garçons qu’ils pourront vendre ou préparer à suivre une formation de « danseurs ». Dans un cas, le journaliste accompagne dans sa voiture un pédophile du nom de Dastager. En roulant, Dastager décrit le type de garçons qu’il recherche. Puis, en plein jour, le maître des « danseurs » arrête sa voiture, se dirige vers la vitrine d’une boutique et ramène avec lui un jeune garçon. Selon le rapport de l’ONU, des éléments démontrent que la pratique des « enfants jouets » et les abus sexuels sur des jeunes garçons sont courants dans tout le nord du pays. Ce document confirme que ces garçons, dont certains ont à peine 10 ans, sont piégés dans une vie d’esclaves sexuels D’autres informations démontrent par ailleurs que ce type d’abus se répand dans tout l’Afghanistan. Mr Alimy confirme que son enquête révèle que les mêmes faits se produisent dans le sud et même à Kaboul, la capitale afghane. « C’est vrai, affirme-t-il, qu’ils habillent ces garçons en filles et les font danser devant de nombreux hommes ». Les hommes puissants auxquels il fait allusion sont souvent d’anciens seigneurs de guerre qui ont aidé à débarrasser le nord du pays des talibans. D’autres sont de riches hommes d’affaires. Sous les talibans, le « bacha bazi » était interdit. Aujourd’hui, cette pratique reste hors la loi, mais il est manifeste qu’aucune action concertée n’est entreprise pour y mettre fin, ainsi qu’à l’activité criminelle qui tourne autour. Ne parvenant pas à trouver le moindre interlocuteur désireux d’agir à propos des abus sur enfants, Mr Quraishi a pris l’avion pour New York où il a rencontré Radhika Coomaraswamy, nommée par l’ONU pour attirer l’attention sur le sort des enfants dans les zones de guerre. Elle exprime son profond pessimisme quant à l’avenir de ces enfants et à la capacité des officiels à faire cesser le commerce des jeunes garçons. « Quand j’ai abordé le sujet, c’est comme si j’avais jeté un pavé dans la mare, et surtout dans les cercles officiels, a-t-elle déclaré. Il m’est apparu de manière parfaitement claire, et certains me l’ont effectivement dit, que ce ne sont pas des choses dont on parle : occupons-nous d’abord de la guerre. Ensuite, nous règlerons ces autres questions ». www.bivouac-id.com |
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