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14/03/2025 |
Violence conjugale : quand les mots frappent autant que les coups |
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Le Saguenay-Lac-Saint-Jean figure maintenant au sommet du palmarès peu enviable de la violence familiale au Canada, selon Statistique Canada. De la violence conjugale à la réhabilitation, un homme raconte comment il en est venu à réaliser la force de ses mots. | |
![]() Bruno Roussel et ses enfants. Photo : Catherine Paradis, Radio-Canada Bruno Roussel a frappé un mur quand sa conjointe l'a quitté il y a presque deux ans. À l'époque, il ne comprenait pas vraiment ce qu'elle lui reprochait dans sa façon de parler. Il admet aujourd'hui que la relation entre lui et son ex-conjointe a commencé à déraper après la naissance de leurs deux enfants. « Ils appellent ça le post-partum. Moi, je ne croyais pas à ça. À la place de l'aider, je lui nuisais. Pour lui dire : "T'es pas supposée d'être faible; t'es supposée d'être forte. Tu viens d'avoir un bébé". » Les chicanes se sont multipliées. Le ton a monté. Les paroles ont fait mal. « Je pouvais lui dire : "t'es conne. Tu m'énerves. T'es ben pas lumière à soir. T'es rien qu'un paquet de troubles" », explique l'homme originaire de Dolbeau-Mistassini. « "Plus tu dis des mots violents, plus tu te fais respecter", c'était un peu ça que j'avais dans la tête. On a souvent vu nos grands-parents se chicaner à 60-70 ans, pour moi c'était une manière de vivre. C'était normal. » Bruno Roussel en est ainsi venu à ressembler de plus en plus à son père biologique, qu'il a pourtant très peu connu. Sa mère, Diane Roussel, l'a quitté avant la fin de sa grossesse pour fuir les coups et les insultes. Trente ans plus tard, dans un élan de colère, c'est son propre fils qui l'a poussée. « Ça n'a pas passé. Je m'étais promis que plus jamais je ne me ferais bousculer. Plus jamais. » Des semaines de thérapie À 34 ans, Bruno Roussel a finalement décidé de se prendre en main. Il a participé à 21 rencontres de groupe, durant lesquelles il a appris à maîtriser sa colère et à s'exprimer sans lever le ton. « Oui, j'ai changé. Il me reste du chemin à faire, mais je suis sur le bon chemin », assure Bruno Roussel. « J'étais contente. Il aurait dû s'excuser bien avant. Je pardonne à ceux qui s'excusent. » |
Lutter contre la violence conjugale à la source C'est l'organisme communautaire Le Cran d'arrêt du Lac-Saint-Jean qui a aidé Bruno Roussel à s'engager sur la voie pacifique. Les intervenants qui y travaillent ont épaulé un nombre croissant d'hommes violents depuis cinq ans. « C'est sûr que lorsqu'on pense à la violence conjugale, on pense à la violence physique. Les campagnes de sensibilisation sont souvent axées là-dessus. En réalité, nous, c'est peut-être une personne sur cinq qui présente des comportements de violence physique. La majorité, c'est surtout la violence verbale et psychologique », explique le directeur du Cran d'arrêt, Jasmin Tremblay. Selon lui, les services d'aide et de prévention comme le sien permettent d'intervenir dans des cas de violence conjugale avant qu'ils ne dégénèrent jusqu'à l'intervention des policiers et coûtent encore plus cher à la société. « Les hommes se voient comme des héros de films d'action. Ils vont essayer de gérer de façon autonome très longtemps jusqu'à ce que ça ne fonctionne plus. Quand le gars a un peu le visage écrasé dans le mur et commence à craquer du nez, c'est là qu'il décide de revirer de bord. C'est à ce moment-là que c'est important d'être là pour eux. » Le droit à une seconde chance Aujourd'hui, Bruno Roussel convient qu'il faudra du temps pour se défaire de l'étiquette de conjoint violent. « Quand les gens s'informent de moi, ils se disent souvent : "Ah, lui, il n'est pas fin avec sa blonde". C'est parce qu'ils ne me connaissent pas aujourd'hui. Ils me connaissent seulement dans mon passé. Tout le monde a le droit de changer », soutient-il. Il espère qu'en le disant haut et fort, il arrivera à convaincre d'autres hommes comme lui « de ne pas avoir peur d'aller consulter ». « On n'est pas mal vu, on est juste vu comme une personne qui veut changer. » ![]() Bruno Roussel et sa mère Diane. Photo : Catherine Paradis, Radio-Canada Par : Catherine Paradis |
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